N’A JAMAIS EU AUTANT D’AVENIR
Bengbu (Chine) 2015, Cordoba (Argentine) 2018, sont les lieux et dates des deux premiers congrès mondiaux de la luzerne. Depuis la mobilisation générale de la communauté internationale autour des protéines végétales depuis le début des années 2010, la luzerne acquiert peu à peu un statut mérité de solution potentielle à la résolution de cette équation géostratégique. Un statut déjà largement acquis aux Etats-Unis par exemple qui en cultivent 7 millions d’hectares ou en Argentine avec ses 4 millions d’hectares. Dans ces pays la luzerne est la base de l’alimentation protéique des élevages laitiers et, dans une moindre mesure de bovins viande.
Les fondamentaux de la géopolitique de l’alimentation mondiale sont très favorables à la luzerne : une demande chinoise qui explose pour nourrir son troupeau laitier, l’émergence de nouveaux besoins en Iran et, une importante demande de la part de l’Arabie Saoudite. Le Royaume a en effet décidé d’interdire, à partir du 1er janvier 2019, l’irrigation des cultures fourragères afin de préserver ses nappes phréatiques. La luzerne représentant la moitié de l’alimentation des 500 000 vaches laitières, 17 millions d’ovins et 1 million de chameaux. Résultat, le pays doit trouver d’autres sources d’approvisionnement de luzerne en en cultivant dans d’autres pays notamment au Soudan mais surtout en recourant massivement aux importations. La luzerne occupait en effet jusqu’à cette date 30 % de l’assolement total du Royaume.
Ce sont donc, selon les estimations, environ 3 millions de tonnes de luzerne dont l’Arabie Saoudite pourrait avoir besoin à brève échéance. Cumulés avec les demandes chinoise, iranienne, maghrébine toutes en augmentation elles aussi, ces volumes représentent une opportunité mais aussi un défi pour les producteurs. En effet, aujourd’hui la totalité des exportations mondiales est de l’ordre de 6 millions de tonnes (dont les 2/3 en provenance des Etats-Unis) ! L’Europe et la France pourraient prendre leur part de ces nouveaux marchés. Reste à pouvoir fournir les qualités et les conditionnements demandés, chaque pays ayant ses spécificités et ses exigences. Reste aussi à veiller à ne pas risquer de déstabiliser ses marchés domestiques.