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INSECTES UN RISQUE BIEN MAÎTRISÉ

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Sur les luzernes âgées, le redémarrage peut être perturbé par l’activité des larves de charançon : les sitones et les apions. Elles vivent dans les plantes, à l’abri de tout regard. Les sitones attaquent les nodosités des racines.

Dès que la luzerne vieillit, les larves de plusieurs espèces de sitone (Sitona lineatus et majoritairement Sitona humeralis) se nourrissent aux dépens des nodosités bactériennes fixatrices d’azote. Elles perturbent ainsi l’alimentation azotée de la plante et peuvent entraîner une diminution de la teneur en protéines. Les larves plus âgées rongent les pivots et les blessent plus ou moins profondément. Les attaques de sitones sur les parties souterraines peuvent diminuer le peuplement végétal. Le sitone de la luzerne (S. humeralis) effectue son cycle complet sur la luzerne, contrairement au sitone du pois (S. lineatus, voir plus loin). Les adultes colonisent les luzernes en fin d’été. Les femelles déposent leurs œufs sur le sol, de l’automne au printemps suivant, à raison de 1 000 œufs en moyenne. Au printemps, lorsque les températures remontent suffisamment, les jeunes larves pénètrent dans le sol et recherchent les nodosités. La vie larvaire s’étend sur 4 mois, puis les larves arrêtent leur activité vers début juin en se nymphosant à l’intérieur d’un cocon terreux posé à la surface du sol. Fin juillet, les adultes émergent pour constituer la nouvelle génération.

Les apions détruisent les bourgeons

Les larves d’apions de la luzerne (Apion pisi) se développent dans les bourgeons et provoquent ainsi un retard de végétation au moment de la reprise.

La biologie de l’apion ressemble à celle des autres charançons. Les adultes gagnent la culture en avril-mai. Les femelles pondent sur une longue période, mais principalement à l’automne. Les œufs sont déposés dans les bourgeons des tiges des repousses automnales de la luzerne. Les larves s’y développent durant l’automne et l’hiver en minant les bourgeons. Ce développement est favorisé par les hivers doux. L’élévation de température au printemps suivant, provoquent la sortie souvent massive des adultes au moment de la reprise de la végétation.

De nombreux coléoptères (phytonomes, sitones et apions) et lépidoptères (chenilles défoliatrices) peuvent perturber le développement végétatif des luzernes installées et détruire les jeunes semis d’été au moment de la levée. Au printemps, les larves de phytonomes s’attaquent aux luzernes en place. Les jeunes larves de phytonomes (Hypera variabilis) naissent au printemps et vivent sur les parties hautes de la végétation, en consommant le limbe foliaire. En fin de croissance, elles se nymphosent dans la végétation. En début d’été, les adultes de la nouvelle génération sortent et quittent la luzerne. Ils ne reviennent qu’à l’automne pour hiverner. Au printemps suivant, les femelles pondent les œufs dans les bourgeons après y avoir creusé une cavité.

Les adultes de sitones occasionnent des dégâts typiques, en forme d’encoche, sur le bord du limbe des folioles. Les adultes d’apions criblent le feuillage. Ces attaques ont toutefois peu d’incidence sur les luzernes âgées vis-àvis desquelles ce sont surtout les larves qui sont les plus dommageables. A la levée en revanche, les plantules des jeunes luzernières sont très sensibles aux morsures des adultes de sitones.

Au moment de la récolte des pois (juillet), coïncidant avec la levée des jeunes luzernes, le sitone du pois (S. lineatus) est la principale espèce colonisant la culture. À cette période, les adultes émergent des pois et migrent vers les jeunes semis de luzerne afin de s’alimenter. Seuls les sitones du pois provoquent des dégâts sur les jeunes semis de luzerne. Les sitones de la luzerne (S. humeralis) posent peu de problème à cette époque.

L’été, des chenilles de diverses espèces de papillons sont très polyphages. C’est le cas des noctuelles et des chiasmas dont les attaques soudaines et importantes peuvent parfois nuire aux luzernes fourragères.

À L’AUTOMNE, LES APIONS PONDENT DANS LES BOURGEONS

À cette époque, les femelles sont très actives et pondent dans les bourgeons des tiges de luzerne.

REPÉRER LES RAVAGEURS AU BON MOMENT, SUIVANT L’ÂGE DE LA LUZERNE

FAIRE LE BON DIAGNOSTIC ET LUTTER À BON ESCIENT…

La lutte contre les insectes nuisibles regroupe les techniques culturales et l’emploi de produits phytopharmaceutiques.

La lutte chimique est rarement justifiée

Loin d’être systématique, la lutte chimique est à réserver à quelques situations :

  • contre les adultes de sitone, à la levée si le jeune semis est proche d’une parcelle de pois (avant le stade 10 cm) et lors du redémarrage difficile des luzernes après la première coupe fin avril – début mai,
  • contre les chenilles défoliatrices, en cas de fortes pullulations,
  • contre les apions,pour des jeunes semis mal implantés au moment de la ponte des femelles (septembre-octobre) pour limiter le pourcentage de boutons attaqués au printemps suivant. Également fin avril / début mai après la première coupe en cas de redémarrage difficile du fait de conditions climatiques froides. La prise de décision repose sur la connaissance d’un optimum économique. Toutefois, ce paramètre est mal connu vis-à-vis de la luzerne déshydratée.
    Le déclenchement des traitements doit tenir compte des facteurs suivants :
  • dynamique des populations et suivi des dégâts en végétation,
  • respect du délai avant récolte, et au minimum deux semaines avant la coupe; pour éviter toute trace de résidu de matière active ou de ses métabolites dans la plante,
  • respect des Bonnes Pratiques d’Application comme éviter les fortes chaleurs au moment des traitements,
  • respect de la faune auxiliaire.

La fauche limite les populations de ravageurs

Au cours de l’année de production, les coupes successives régulent les populations d’insectes nuisibles :

  • contre les larves de phytonomes, une coupe anticipée de la luzerne suffit à éliminer ce ravageur,
  • contre les larves d’apion, une coupe de nettoyage à l’automne (après mi-octobre) permet de les éliminer. La fauche élimine la masse de luzerne et les insectes ou modifie leurs conditions idéales de développement. Depuis de nombreuses années, le recours aux insecticides en année d’exploitation est exceptionnel. En 2017, la concomitance d’une période froide fin avril et d’une attaque parasitaire (apions et sitones) a nécessité une lutte sur un nombre limité de parcelles récemment fauchées. Cf. graphique.